Lucas Sonzogni, Regina Majestis

Composé pendant le confinement de 2020, ce Regina Majestis devait originellement être un Requiem. Mais petit à petit, le texte s’est synthétisé. Ce Requiem est devenu une sorte de patchwork de différents versets. Nous retrouvons l’Introït, le Libera me, le Salve Regina, le Rex, ou encore le Dies Irae, le Tuba mirum, le Lacrimosa ou le Lux Aeterna. Ces versets sont répartis dans trois mouvements distincts qui forment une arche à la fois émotionnelle et spirituelle. Un Regina Majestis troublé, plein de questionnements, se transforme en un Dies Irae violent et souffrant, avant de laisser place, par un Lux Aeterna, à une contemplation sereine et remplie d’espérance.

Arvo Pärt, The Deer's Cry

Arvo Pärt est un des pères fondateurs du minimalisme musical. Alors que son siècle se déchire autour des innovations du langage musical qui rompent progressivement avec le public, Arvo Pärt prend un virage décisif en 1976 avec sa célèbre pièce pour piano Für Alina. Une nouvelle direction musicale s’ouvre à lui, où spiritualité, musicalité et contemplation vont s’entremêler. D’après le cantique de St Patrick, The Deer’s Cry est à l’image de cette pensée artistique toujours plus épurée.

Lucas Sonzogni, Rouille de la Vie

D'après le poème « Chanson dans le Sang » issu du recueil de Jacques Prévert « Paroles ». Ce texte est un regard puissant sur l’affliction que l’on peut ressentir face à la misère du monde, et notre impuissance sur elle. Jacques Prévert joue ici merveilleusement avec les échelles : de la Terre astronomique, qui n’arrête pas de tourner, nous plongeons vers la cellule de sang coagulé, « sang caillé comme le lait ».

Krzysztof Penderecki, Agnus Dei

Avec cette pièce Penderecki utilise de violents contrastes, où, face aux consonances assumées, l’inconfort de dissonances parfois radicales illustre avec une sorte de réalisme la douleur du sacrifice de l’agneau de Dieu. Écrite à la suite du décès d’un ami, Krzysztof Penderecki intègrera plus tard cette œuvre dans son Requiem Polonais. A cette époque, écrire une pièce religieuse était une forme de résistance contre le régime communiste polonais.

Lucas Sonzogni, Aeternitas me Sequitur

Commanditaire de cette oeuvre, l'église St-Pierre Le Corbusier Firminy possède une réverbération particulièrement longue (12s.!). Cette durée exceptionnelle devient une métaphore de l’éternité spirituelle qui émane de tels lieux. Ainsi, cette œuvre croise ce concept d’« éternité » avec le thème du festival 2023 : « équinoxe », qui se transforme en axe de symétrie temporel, point d’où les éternités passées et futures se contemplent, point où deux altérités se font face. Le temps se suspend. « Eternité », « axe de symétrie » et « dualité » sont les trois concepts qui jalonnent l’œuvre. Ils sont dans le texte, dans les échelles de hauteurs, dans la structure, dans les motifs et leurs interactions. Spiritualité, contemplation béate du cosmos, amour, autant d’ouvertures offertes à notre interprétation.

Hildegarde von Bingen, O Ignee Spiritus

De la musique médiévale au Transcontemporain ? Oui. Les musiciens et, en l'occurrence, les musiciennes n'ont pas attendues le XXème siècle pour lutter contre des traditions esthétiques qu'ils jugeaient contraignantes. Hildegard von Bigen compte parmi ces "modernes" de leurs temps. Compositrice, abbesse, guérisseuse, poétesse et prophétesse, Hildegard von Bingen est une importante figure du XIIe siècle. Trésor de subtilité, de connaissance et de modernité, Hildegard von Bingen utilise systématiquement la musique dans son couvent, malgré les interdictions de l’Église de faire chanter des femmes et jouer des instruments. O Ignee Spiritus est un excellent exemple de ce savant mélange de sagesse et de spiritualité.

Vincent Paulet, I - De Profundis

« Le fait que le texte du psaume 129 (plus connu sous le nom de « De profundis ») soit utilisé par la liturgie catholique à l’occasion des funérailles a tendance à faire oublier sa progression de l’angoisse des ténèbres vers une parfaite sérénité ; c’est cette évolution que j’ai cherché ici à mettre en valeur ; au cours des dernières mesures de la partition, une voix soliste (suivie d’une deuxième) se mettra même à chanter « Alleluia » : il s’agit du lumineux « Alleluia de profundis », cette étonnante mélodie grégorienne que je n’ai pu m’empêcher de citer (ou, plutôt, de revisiter). […] ». Vincent Paulet.

Georges Aperghis, 5 Calme-Plats

Cette œuvre est à l’image de l’œuvre globale de Georges Aperghis, dont la théâtralité et le ludique extrême questionnent le sens et le langage, aux frontières de l’intelligible. Le mot est tordu, le « signifié » n’est qu’une excuse à une surenchère de jeux musicaux d’une virtuosité d’athlète, toujours plus profonds, nourris d’une pincé d’humour et d’autodérision. Si vous cherchez à comprendre, vous tombez dans le piège !