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| Kaija Saariaho, Nuits, Adieux
« Nuits, Adieux traite du chant, du souffle, du chuchotement, de la nuit et de l'adieu. La pièce est formée de dix sections : les cinq premières sont intitulées Nuits, les cinq autres Adieux.
Deux sources différentes ont été utilisées pour les textes, en relation avec les deux divisions de l'œuvre : des extraits du livre de Jacques Roubaud Échanges de la lumière (dans Nuits) et un fragment du roman de Balzac Séraphîta (dans Adieux).
Les voix sont amplifiées et transformées pendant l'exécution. Chaque chanteur utilise deux micros. L'un est utilisé pour une amplification générale : les sons captés sont envoyés vers différents programmes de traitement et modification du son. Les transformations les plus audibles sont cependant obtenues avec le matériau chanté dans le deuxième micro. J'utilise ici un système qui contrôle le temps de réverbération par les changements de dynamique des voix. En général, ce temps est conçu pour être relativement long : le résultat auditif est celui d'une texture changeant continuellement, et qui forme une toile de fond mouvante pour les événements chantés dans le premier micro.
La meilleure introduction à Nuits, Adieux est de lire les textes que j'ai sélectionnés pour la pièce. Nuits, Adieux est une commande de la WDR. Sa création a été donnée à Cologne le 11 mai 1991 par Electric Phoenix. La pièce est dédiée à la mémoire de ma grand-mère. » Kaija Saariaho.
| Einojuhani Rautavaara, Ludus Verbalis
Personalia - Temporalia - Qualitativa - Quantitativa : Quatre pièces parlées pour chœur mixte à quatre voix. Le titre de cette pièce parle de lui-même. « Ludus Verbalis », le jeu verbal. Constitués uniquement de pronoms et d’adverbes, les enchaînements de mots ne peuvent donc jamais former de phrases à proprement parler. Par conséquent l’écriture musicale s’amuse non pas avec le sens direct issu d’une syntaxe correcte, mais avec la signification individuelle de chaque mot, et de toutes les ambiguïtés et les paradoxes qui naissent à les corréler. Il y a dans cette démarche une gratuité du jeu très enfantine, dont il ne nous reste plus qu'à profiter avec le même naturel. Ici les mouvements 3 & 4.
| Lucas Sonzogni, Rouille de la Vie
D'après le poème « Chanson dans le Sang » issu du recueil de Jacques Prévert « Paroles ». Ce texte est un regard puissant sur l’affliction que l’on peut ressentir face à la misère du monde, et notre impuissance sur elle. Jacques Prévert joue ici merveilleusement avec les échelles : de la Terre astronomique, qui n’arrête pas de tourner, nous plongeons vers la cellule de sang coagulé, « sang caillé comme le lait ».
| Arvo Pärt, The Deer's Cry
Arvo Pärt est un des pères fondateurs du minimalisme musical. Alors que son siècle se déchire autour des innovations du langage musical qui rompent progressivement avec le public, Arvo Pärt prend un virage décisif en 1976 avec sa célèbre pièce pour piano Für Alina. Une nouvelle direction musicale s’ouvre à lui, où spiritualité, musicalité et contemplation vont s’entremêler. D’après le cantique de St Patrick, The Deer’s Cry est à l’image de cette pensée artistique toujours plus épurée.
| Lucas Sonzogni, Trois Poèmes Doubles
1 - L'Être Nu.e
La rencontre d’un chœur et des machines est une parfaite métaphore de notre société contemporaine. Corps de chair et boites de plastique. Voix et lignes de code. La chaleur du profondément humain et la froideur de l’exécutif informatique face à face : caricature commune faite de ce monde agité qui nous dépasse. [...] Par une forme de spiritualité contemporaine, les textes de Paul d’Antoine illustrent à merveille ces sensations de submersion et d’impuissance qui nous accablent à l’orée de ces perceptions ambivalentes. Comprendre notre monde semble impossible, mais malgré tout, pourvus d’une poésie très symbolique, ces textes laissent une place significative à l’espoir en l’humanité, et en la possibilité du bonheur.
2 - Votre Faim
Deuxième mouvement de la pièce commandée par Collectif Éole, Lucas Sonzogni nous livre un épisode aussi enjoué qu'ironique, qui évoque l'ambivalence des sentiments qui nous assaillent lorsque l'on tente de comprendre notre monde contemporain.
| Edith Canat de Chizy, Mon âme est en Peine
La rencontre d’un chœur et des machines est une parfaite métaphore de notre société contemporaine. Corps de chair et boites de plastique. Voix et lignes de code. La chaleur du profondément humain et la froideur de l’exécutif informatique face à face : caricature commune faite de ce monde agité qui nous dépasse. [...] Par une forme de spiritualité contemporaine, les textes de Paul d’Antoine illustrent à merveille ces sensations de submersion et d’impuissance qui nous accablent à l’orée de ces perceptions ambivalentes. Comprendre notre monde semble impossible, mais malgré tout, pourvus d’une poésie très symbolique, ces textes laissent une place significative à l’espoir en l’humanité, et en la possibilité du bonheur.
| Vincent Paulet, De Profundis
« Le fait que le texte du psaume 129 (plus connu sous le nom de « De profundis ») soit utilisé par la liturgie catholique à l’occasion des funérailles a tendance à faire oublier sa progression de l’angoisse des ténèbres vers une parfaite sérénité ; c’est cette évolution que j’ai cherché ici à mettre en valeur ; au cours des dernières mesures de la partition, une voix soliste (suivie d’une deuxième) se mettra même à chanter « Alleluia » : il s’agit du lumineux « Alleluia de profundis », cette étonnante mélodie grégorienne que je n’ai pu m’empêcher de citer (ou, plutôt, de revisiter). […] ». Vincent Paulet.
| Georges Aperghis, 5 Calme-Plats
Cette œuvre est à l’image de l’œuvre globale de Georges Aperghis, dont la théâtralité et le ludique extrême questionnent le sens et le langage, aux frontières de l’intelligible. Le mot est tordu, le « signifié » n’est qu’une excuse à une surenchère de jeux musicaux d’une virtuosité d’athlète, toujours plus profonds, nourris d’une pincé d’humour et d’autodérision. Si vous cherchez à comprendre, vous tombez dans le piège !
| Kaija Saariaho, Tag des Jahrs, der Winter
« [...] L’idée de Tag des Jahrs m’est venue lorsque, il y a quelques années, une personne qui m’était très chère subit une hémorragie cérébrale et acquit alors une nouvelle logique : elle n’avait plus aucune notion de temps ni d’espace. Ainsi, je ne sais pas ce qui est arrivé à Hölderlin pour qu’il signe ses poèmes sous des dates, des décades et même des siècles différents de ceux où il vivait et sous le pseudonyme de Scardanelli. J’ai néanmoins acquis une nouvelle vision de ces poèmes que j’ai ressentis comme des visions ou des instants vécus dans le clignement d’un œil et qui s’évanouissent dans de nouveaux et intenses moments. [...] » Kaija Saariaho. 1952 - 2023.
| Krzysztof Penderecki, Agnus Dei
Avec cette pièce Penderecki utilise de violents contrastes, où, face aux consonances assumées, l’inconfort de dissonances parfois radicales illustre avec une sorte de réalisme la douleur du sacrifice de l’agneau de Dieu. Écrite à la suite du décès d’un ami, Krzysztof Penderecki intègrera plus tard cette œuvre dans son Requiem Polonais. A cette époque, écrire une pièce religieuse était une forme de résistance contre le régime communiste polonais.
| Lucas Sonzogni, Aeternitas me Sequitur
Commanditaire de cette oeuvre, l'église St-Pierre Le Corbusier Firminy possède une réverbération particulièrement longue (12s.!). Cette durée exceptionnelle devient une métaphore de l’éternité spirituelle qui émane de tels lieux. Ainsi, cette œuvre croise ce concept d’« éternité » avec le thème du festival 2023 : « équinoxe », qui se transforme en axe de symétrie temporel, point d’où les éternités passées et futures se contemplent, point où deux altérités se font face. Le temps se suspend. « Eternité », « axe de symétrie » et « dualité » sont les trois concepts qui jalonnent l’œuvre. Ils sont dans le texte, dans les échelles de hauteurs, dans la structure, dans les motifs et leurs interactions. Spiritualité, contemplation béate du cosmos, amour, autant d’ouvertures offertes à notre interprétation.
| Hildegarde von Bingen, O Ignee Spiritus
De la musique médiévale au Transcontemporain ? Oui. Les musiciens et, en l'occurrence, les musiciennes n'ont pas attendues le XXème siècle pour lutter contre des traditions esthétiques qu'ils jugeaient contraignantes. Hildegard von Bigen compte parmi ces "modernes" de leurs temps. Compositrice, abbesse, guérisseuse, poétesse et prophétesse, Hildegard von Bingen est une importante figure du XIIe siècle. Trésor de subtilité, de connaissance et de modernité, Hildegard von Bingen utilise systématiquement la musique dans son couvent, malgré les interdictions de l’Église de faire chanter des femmes et jouer des instruments. O Ignee Spiritus est un excellent exemple de ce savant mélange de sagesse et de spiritualité.
| Lucas Sonzogni, Regina Majestis
1 - Regina Majestis
Composé pendant le confinement de 2020, ce Regina Majestis devait originellement être un Requiem. Mais petit à petit, le texte s’est synthétisé. Ce Requiem est devenu une sorte de patchwork de différents versets. Nous retrouvons l’Introït, le Libera me, le Salve Regina, le Rex, ou encore le Dies Irae, le Tuba mirum, le Lacrimosa ou le Lux Aeterna. Ces versets sont répartis dans trois mouvements distincts qui forment une arche à la fois émotionnelle et spirituelle. Un Regina Majestis troublé, plein de questionnements, se transforme en un Dies Irae violent et souffrant, avant de laisser place, par un Lux Aeterna, à une contemplation sereine et remplie d’espérance.
2 - Dies Irae
Ce Dies Irae est le deuxième mouvement du Regina Majestis. Nous retrouvons dans ce mouvement-ci le Dies Irae, le Tuba mirum, et le Lacrimosa, bref, un "jour de colère" particulièrement puissant et éloquent.